Il marche sur ce chemin depuis plusieurs années.
Il prend toujours la même route.
Depuis des années, il passe devant la grotte sans même la remarquer.
Pourtant, depuis quelques jours, il s’arrête devant la grotte et se demande s’il veut y entrer.
Toute sa vie, on lui a dit que la grotte n’était pas le meilleur chemin, qu’on y trouvait des choses effrayantes et que personne de sensé ne passerait par là.
Pourtant, depuis quelques jours, il nourrit l’idée qu’il pourrait y aller.
Il se sent curieux, a envie d’aventure et voudrait tenter un nouveau chemin.
Un sentiment commun de manque de liberté et de pouvoir
Un des constats qui me touche beaucoup chez les humains en général, c’est à quel point nous pouvons nous sentir prisonniers, coincés et sans options dans certaines situations de nos vies. Un état qui nous cause beaucoup de souffrance.
C’est d’autant plus frappant que nous vivons dans une société qui regorge de choix et d’opportunités. Comment se fait-il alors que nous ayons ce sentiment de ne pas avoir le choix (pandémie mise à part)?
Une des réponses, certainement pas la seule, c’est que nous vivons souvent selon des « il faut », « je suis obligée de », « je dois », « je ne peux pas », etc.
Nous vivons en fonction de différentes règles.
Les règles peuvent avoir des effets néfastes
Prenons l’exemple du personnage dans la vignette et l’image plus haut. Toute sa vie, son « choix » de chemin était basé sur la règle : « il ne faut pas aller dans le chemin de la grotte sinon X, Y, Z ».
Cela faisait en sorte qu’il passait devant la grotte sans même la remarquer et se demander s’il avait envie d’y aller. Pourtant, la grotte a toujours été là; a toujours été une possibilité.
C’est un autre côté sombre de notre capacité de langage, les règles ont la capacité de faire disparaître (dans notre tête) le contexte et les alternatives.
Les règles font disparaître le contexte
Une règle est rarement nuancée ou du moins, celles qui ont tendance à nous emprisonner ne le sont pas.
Quand on pense : « il faut toujours que la maison soit propre », il n’y a pas de place pour le contexte. C’est bien différent de : « fais ton possible pour avoir une maison propre, mais c’est OK de laisser la vaisselle traîner si tu es fatigué aujourd’hui ».
Pourtant, tant de circonstances peuvent influencer ce que nous voulons faire à un moment donné : nos désirs, nos besoins, nos intérêts, nos valeurs, notre niveau d’énergie, etc.
Les règles cachent le champ des possibles
De la même façon, les règles ont tendance à dissimuler les choix alternatifs. Par exemple, si mon cerveau m’envoie la règle « tu dois rester au travail », c’est très catégorique et il n’y a pas de place pour penser à des solutions alternatives si je ne suis pas bien au travail.
Retrouver sa liberté et son pouvoir avec les choix conscients
En constatant l’effet que peuvent avoir certaines règles, on comprend que c’est normal de se sentir coincés. C’est comme si nous n’avions aucune option.
Donc pour retrouver une partie de notre liberté et notre pouvoir, l’un des leviers que nous avons est de faire des choix conscients plutôt que des choix automatiques, uniquement basés sur des règles.
Qu’est-ce qu’un choix conscient?
Sans surprise, les choix conscients prennent en compte le contexte et les choix alternatifs, en plus des règles.
*À noter* Afin de ne pas créer une nouvelle règle, sachez qu’il n’est pas possible ni souhaitable de toujours faire des choix conscients (imaginez toute l’énergie nécessaire pour tout choisir consciemment, ouf!). L’important est de tendre vers eux, particulièrement dans les domaines les plus importants pour nous.
Comment faire des choix conscients
Cela peut sembler simple, et sur papier encore plus, mais c’est plus facile à dire qu’à faire, surtout quand les émotions et les pensées difficiles se pointent le bout du nez (ou carrément tout le corps).
Voici différentes étapes, en utilisant l’exemple d’une personne qui n’est pas bien au travail.
1. Prendre conscience qu’il est possible de faire un choix
Soyez à l’affût des « il faut », « je dois », « j’ai pas le choix », « je suis obligée », « je ne peux pas », « toujours », « jamais », etc.
Par exemple, prendre conscience de la règle « je dois garder mon travail »
2. Trouver les choix alternatifs
Si je mets la règle de côté quelques minutes, quels choix s’offrent à moi? Faire un brainstorming (lancer plein d’idées, sans les juger) afin de réouvrir le champs des possibles.
Par exemple, je peux prendre des vacances, demander un arrêt de travail, trouver un autre emploi, changer de rôle à l’intérieur de ma compagnie, faire des études, cesser de travailler pour une durée indéterminée, etc.
3. Trouver les conséquences de chacun des choix alternatifs
C’est maintenant le temps d’évaluer chacune des possibilités. Quelles conséquences chaque choix aurait sur ma vie? L’exercice du pour et du contre est un bon atout pour cela.
Par exemple : si je laisse mon travail sans trouver un autre emploi, ça serait financièrement difficile car je veux payer ma maison, difficulté de trouver un autre travail en contexte de pandémie, je pourrais me trouver un coloc ou vendre ma maison et aller en appartement.
4. Choisir en fonction du contexte
Finalement, sélectionnez le choix dont les conséquences vous conviennent le mieux à ce moment-ci.
Vous pouvez réévaluer ce choix plus tard si votre situation change et modifier la trajectoire au besoin.
Un choix conscient n’est pas nécessairement un choix idéal
Il se peut très bien qu’à la fin du processus, vous vous sentiez moins pris ET que vous ayez choisi exactement la même situation dans laquelle vous étiez avant de faire un choix conscient. Cela vous surprend?
Je comprends. Cela s’explique par le fait que vous savez pourquoi vous faites ce choix et pas un autre et c’est ce qui vous redonne votre sentiment de liberté et de pouvoir, pas nécessairement un changement de situation.
Les choix étaient là, disponibles, et vous avez sélectionné ce qui vous convenait le plus. Ce n’est plus, « je suis obligée de », c’est J’AI CHOISI ce qui fait le plus de sens pour moi en ce moment.
Passez à l’action!
Est-ce qu’il y a une situation actuellement dans laquelle vous vous sentez pris? Voyez si vous pouvez utiliser les étapes établies plus haut pour voir si d’autres possibilités s’offrent à vous.
N’oubliez pas que les règles sont des pensées donc vous pouvez utiliser les techniques de défusion pour gagner de la perspective par rapport à elles.
Auto-compassion : n’oubliez pas d’être doux et douce avec vous dans ce processus. Ce n’est pas facile pour personne de constater qu’on est pris ou que les choix alternatifs nous font peur ou qu’ils nous font vivre de la culpabilité ou encore qu’il n’y a pas de choix parfait. C’est tout à fait normal et vous n’êtes pas seul(e).